« Let Me Fish Off Cape St. Mary’s » d’Otto Kelland entre au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens
Véritable emblème de l’âme terre-neuvienne, « Let Me Fish Off Cape St. Mary’s », composée en 1947 par Otto Kelland, sera intronisée au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens (PACC) le 8 mai prochain lors du gala des East Coast Music Awards, organisé au Mary Brown’s Centre de St. John’s.
Interprétée pour l’occasion par The Irish Descendants, groupe phare de la musique folklorique locale, cette ballade mélancolique, transmise de génération en génération, incarne l’identité, la fierté et la résilience des communautés côtières de Terre-Neuve-et-Labrador.
« Let Me Fish Off Cape St. Mary’s est la chanson folklorique par excellence de Terre-Neuve », résume Con O’Brien, chanteur principal des Irish Descendants, soulignant la puissance émotionnelle de ce titre dans la mémoire collective de la région.
Pour Nick Fedor, directeur exécutif du PACC, cette intronisation consacre une œuvre majeure : « La poésie d’Otto Kelland et sa mélodie envoûtante font désormais partie intégrante du patrimoine musical canadien. »
Une ballade née du cœur de Terre-Neuve
Né en 1915, Otto Kelland, policier de profession devenu superviseur de pénitencier, s’inspire d’une rencontre avec un jeune pêcheur nostalgique pour écrire cette chanson. Celui-ci, exilé sur les rives de Boston, exprimait le souhait de revenir pêcher à St. Mary’s, dans les brumes de la péninsule d’Avalon.
À travers une gamme hexatonique majeure et des couplets sans refrain, Kelland compose un hommage vibrant à une vie rude mais profondément enracinée dans la mer. Brouillard, goélettes, capelans et falaises abruptes peuplent les images de cette chanson désormais immortelle.
De la tradition orale aux enregistrements
À ses débuts, « Let Me Fish Off Cape St. Mary’s » circule oralement dans les ports isolés de Terre-Neuve, bien avant d’être captée sur disque. L’arrivée de la CBC dans les années 1940 permettra sa diffusion nationale.
Dans les années 1950, des collectes folkloriques, notamment celles de Kenneth Peacock et Gerald Doyle, intègrent la chanson à des recueils devenus références. Le premier enregistrement connu date de 1962, avec Leonard Meehan.
Depuis, de nombreux artistes, dont Dick Nolan, Gordon Pinsent, Harry Hibbs, Stan Rogers ou encore Ofra Harnoy, ont repris ce classique. Il fut même élevé au rang de chanson de protestation lors du moratoire sur la pêche à la morue de 1992.
Un héritage vivant
Vingt ans après la mort d’Otto Kelland, sa fille Jocelyn Kelland sera présente à St. John’s pour rendre hommage à ce père dont les mots continuent de faire vibrer les côtes de l’Atlantique et bien au-delà.
« Voir cette chanson toujours résonner aujourd’hui est profondément émouvant », confie-t-elle.
Au-delà de son succès, « Let Me Fish Off Cape St. Mary’s » reste un rappel intemporel de la beauté, du courage et de la fragilité de la vie au bord de l’océan.