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Le Canada dévoile sa première stratégie mondiale pour l’Afrique : cap sur une prospérité partagée

Dans un contexte d’instabilité économique et géopolitique mondiale, le Canada tourne résolument son regard vers l’Afrique. Ce jeudi, à Toronto, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, accompagnée de ses collègues Mary Ng, ministre de la Promotion des exportations, et Ahmed Hussen, ministre du Développement international, a présenté la toute première Stratégie du Canada pour l’Afrique : un ambitieux plan visant à forger un partenariat pour « une prospérité et une sécurité partagées ».

Un tournant diplomatique majeur

Fruit de deux années de consultations avec des acteurs africains, canadiens et internationaux, cette stratégie entend aligner l’engagement canadien sur l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Elle marque un tournant diplomatique majeur pour Ottawa, désireux de consolider sa présence économique, politique et sociale sur un continent dont le poids démographique et économique ne cesse de croître. D’ici 2050, un quart de la population mondiale vivra en Afrique.

Ahmed Hussen

« Le message que nous adressons au continent africain est clair : nous souhaitons bâtir un avenir meilleur et plus prospère pour les Canadiennes et Canadiens et pour nos partenaires africains », a déclaré Mélanie Joly.

Commerce, sécurité et diplomatie

Articulée autour de plusieurs piliers, la stratégie vise notamment à :

  • Stimuler les opportunités économiques par la création d’emplois et le développement des infrastructures ;
  • Nouer des partenariats en matière de paix et de sécurité, en luttant contre le terrorisme, les conflits et l’extrémisme violent ;
  • Investir dans la jeunesse africaine, la santé et l’éducation ;
  • Faire avancer les priorités communes sur la scène internationale, telles que la lutte contre les changements climatiques ;
  • Renforcer les liens diplomatiques, en s’appuyant notamment sur la diaspora africaine forte de 1,3 million de personnes au Canada.

Pour donner corps à ces ambitions, Ottawa a annoncé plusieurs initiatives concrètes, dont la création d’un pôle commercial panafricain, l’ouverture d’une ambassade au Bénin et d’un haut-commissariat en Zambie, ainsi que la mise en place d’un nouveau programme de commerce et de développement au sein d’Affaires mondiales Canada.

Des envoyés spéciaux pour une action renforcée

Afin d’assurer un dialogue stratégique de haut niveau, Ben Marc Diendéré, observateur permanent du Canada auprès de l’Union africaine, a été nommé envoyé spécial pour l’Afrique. En parallèle, Marcel Lebleu, ambassadeur au Sénégal, devient envoyé spécial pour le Sahel, une région en proie à une crise sécuritaire et humanitaire aiguë.

Dans ce cadre, Ottawa a débloqué plus de 25,7 millions de dollars pour soutenir des initiatives au Soudan, en Éthiopie et dans la région du Sahel, portant sur la protection des populations civiles, la lutte contre l’extrémisme violent et la promotion de la cohésion sociale.

Un engagement économique massif

Le ministre du Développement international, Ahmed Hussen, a pour sa part annoncé plus de 869,5 millions de dollars pour financer 50 projets d’aide internationale, axés sur la croissance économique, la santé, la gouvernance démocratique et la lutte contre les changements climatiques.

Sur le plan commercial, Mary Ng a souligné la progression des échanges entre le Canada et l’Afrique, passés à 15,1 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de près de 30 % en cinq ans. « Il ne s’agit pas seulement de réaliser des gains économiques, mais de construire un avenir où le Canada et l’Afrique prospèrent ensemble », a-t-elle insisté.

Le message que nous adressons au continent africain est clair : nous souhaitons bâtir un avenir meilleur et plus prospère pour les Canadiennes et Canadiens et pour nos partenaires africains

Un engagement de long terme

Ces annonces prolongent une dynamique déjà amorcée : au cours des cinq dernières années, Ottawa a investi 4,5 milliards de dollars dans des programmes d’aide bilatérale en Afrique. Cette stratégie vient donc institutionnaliser un engagement appelé à se renforcer, à mesure que l’Afrique s’impose comme un acteur central du XXIe siècle.

« La Stratégie du Canada pour l’Afrique constitue un nouveau chapitre », a résumé Robert Oliphant, secrétaire parlementaire de Mélanie Joly, soulignant la volonté d’Ottawa de bâtir des partenariats d’égal à égal avec ses homologues africains.

Dans un monde en recomposition, le Canada joue ainsi une carte stratégique en pariant sur l’Afrique, avec l’ambition affichée d’y inscrire durablement son empreinte.

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