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L’OMC exhorte l’Afrique à réduire sa dépendance au commerce américain

Alors que les tensions géopolitiques bouleversent les échanges internationaux, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) appelle les nations africaines à repenser en profondeur leurs stratégies commerciales. L’heure est à l’autonomie économique, martèle sa directrice générale, Ngozi Okonjo-Iweala.

Dans un contexte où l’aide internationale s’amenuise et où les échanges deviennent de plus en plus politisés, Mme Okonjo-Iweala alerte : l’Afrique ne pourra compter indéfiniment sur la stabilité de ses partenaires traditionnels. « L’environnement extérieur devient plus exigeant. L’aide se tarit. Le commerce est désormais un instrument politique », a-t-elle averti, lors d’une déclaration relayée ce 17 avril.

Une vulnérabilité masquée par des chiffres globaux

Si la directrice de l’OMC reconnaît que, globalement, l’économie africaine affiche une relative stabilité — la croissance du PIB réel demeurant largement inchangée — elle appelle à la vigilance. Le faible volume d’échanges entre l’Afrique et les États-Unis, représentant seulement 6,5 % des exportations et 4,4 % des importations du continent, masque des disparités criantes.

Ainsi, des pays comme le Lesotho demeurent particulièrement exposés : près de 10 % de son PIB dépend des exportations textiles vers les États-Unis, soit environ 240 millions de dollars par an. Une dépendance dangereuse, selon Mme Okonjo-Iweala, dans un contexte de remises en cause des accords commerciaux et de montée du protectionnisme.

Miser sur le commerce intra-africain

Face à ces menaces, la cheffe de l’OMC plaide pour une intensification des échanges intra-continentaux. Aujourd’hui, ceux-ci ne représentent que 16 % du commerce total africain. « Il n’y a aucune raison pour que les 240 millions de dollars de textiles exportés par le Lesotho ne trouvent pas preneurs sur le marché africain », soutient-elle.

L’Afrique, qui comptera un quart de la population mondiale d’ici 2050, doit selon elle renforcer sa capacité à produire, échanger et consommer localement. Cette transformation passe par une mobilisation accrue des ressources domestiques, une attraction d’investissements régionaux et une accélération des processus d’intégration commerciale.

Diversifier pour mieux résister

Les leçons de la crise du Covid-19, rappelle Mme Okonjo-Iweala, sont claires : « Il nous faut diversifier nos sources d’approvisionnement. Aujourd’hui, face aux tensions commerciales, nous devons aussi diversifier nos débouchés. » Dépendre d’un unique marché pour ses exportations ou ses importations expose les économies aux aléas géopolitiques et accentue les déséquilibres.

En prônant la « re-globalisation », un modèle plus inclusif intégrant les régions traditionnellement marginalisées, elle invite les États africains à ne pas céder aux sirènes du repli, mais à construire une interdépendance équilibrée.

Une réforme nécessaire de l’OMC

La directrice générale reconnaît également que l’OMC doit évoluer pour rester pertinente. Les règles de l’organisation, estime-t-elle, doivent être modernisées pour mieux soutenir les économies vulnérables, rendre les processus décisionnels plus équitables et refléter les réalités économiques actuelles.

« Nos règles n’étaient pas conçues pour être figées pendant 30 ans. Elles étaient censées évoluer avec le monde », a-t-elle souligné, tout en saluant la volonté des membres de l’organisation de renouveler leur engagement envers les principes fondateurs du multilatéralisme, tels que la clause de la nation la plus favorisée.

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