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« Suzanne Guité » : hommage immersif et musical à une pionnière de l’art gaspésien au cœur de l’Assemblée nationale

Ce 10 mai, les murs solennels de l’Assemblée nationale du Québec vibreront au rythme d’une voix singulière de l’histoire artistique québécoise : celle de Suzanne Guité, sculptrice avant-gardiste et figure féminine marquante de la Gaspésie. À travers Suzanne Guité, théâtre musical contemporain, un spectacle immersif d’une quarantaine de minutes, c’est une femme libre, visionnaire et indomptable que la compositrice Mathilde Côté réinvente sur scène, entre musique contemporaine, poésie et mémoire.

Présentée dans le cadre de la Programmation citoyenne de l’Assemblée, cette création inédite se déploie dans l’agora du pavillon d’accueil, transformée pour l’occasion en écrin scénique. La production s’appuie sur des extraits des correspondances personnelles de Guité, révélant une personnalité vibrante, passionnée, profondément engagée dans son art et dans son époque.

« Suzanne Guité était un être plus grand que nature », confie Mathilde Côté. « Sa pensée, ses doutes, ses élans, tout résonne aujourd’hui avec une modernité saisissante. »

Une fresque musicale et sensorielle

Le spectacle convoque les voix cristallines du Chœur Ad Vitam et de la Maîtrise des Petits Chanteurs de Québec, dirigés par Anne Gilbert, pour interpréter un répertoire original conçu comme un dialogue entre la mémoire et l’intime. Aux instruments, un ensemble aussi éclectique que précis : piano (Mathilde Côté), guitares (André Lavergne), contrebasse (Simon Dolan) et percussions.

La comédienne et percussionniste Krystina Marcoux incarne une Suzanne Guité fragmentée, plurielle, faite d’ombres et de lumière. Sur scène, elle ne joue pas seulement un rôle : elle habite l’artiste, résonne avec elle, dans une performance à la fois physique, musicale et incarnée.

La direction de production, assurée par Zoé Jean-Deslauriers, veille à tisser un univers sensoriel immersif, où chaque élément – sons, voix, textes, présence scénique – agit comme une strate d’un autoportrait à plusieurs mains.

Une œuvre, un legs

Grâce à la collaboration du Musée de la Gaspésie, quelques œuvres de Guité seront exposées temporairement dans l’enceinte même de l’Assemblée, prolongeant ainsi l’expérience artistique par une incursion concrète dans le travail plastique de l’artiste.

Née en 1926 à New Richmond, formée à Chicago, Paris et Florence, Suzanne Guité a marqué les décennies 1950 à 1970 par une œuvre puissante et variée — sculptures monumentales, murales, tapisseries, aquarelles — et par un engagement sans relâche pour l’art en région. En cofondant le Centre d’art de Percé avec son mari Alberto Tommi, elle a posé les jalons d’une véritable scène artistique gaspésienne. Veuve précoce, mère de quatre enfants, gestionnaire, créatrice, elle fut une pionnière du féminisme artistique québécois, souvent en avance sur son temps.

Une mémoire qui dialogue avec le présent

La démarche de Mathilde Côté s’inscrit dans une volonté de reconnexion : à l’histoire, au territoire, aux figures oubliées. Déjà saluée pour son opéra La nuit est ma femme d’après Jack Kerouac, la compositrice gaspésienne confirme ici son sens du récit musical et de l’hommage incarné. Sa maîtrise de l’intime comme de l’ampleur chorale confère à ce spectacle une densité rare dans la scène contemporaine.

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