Plus d’un milliard d’armes légères en circulation : l’ONU alerte sur un fléau planétaire
Elles ne font pas les gros titres, mais elles tuent chaque jour davantage que les bombes. Plus d’un milliard d’armes légères circulent aujourd’hui dans le monde, alimentant guerres, insécurité et criminalité organisée. Réunis à New York, les représentants de l’ONU ont tiré la sonnette d’alarme face à une prolifération qui mine la paix mondiale et fragilise les États.
Selon Adedeji Ebo, du bureau onusien pour le désarmement, cette explosion des armes à feu est à la fois « symptôme et moteur des crises de sécurité contemporaines ». En 2023, les 100 plus grandes entreprises d’armement ont engrangé 632 milliards de dollars, tandis que les dépenses militaires mondiales atteignaient 2 700 milliards, en hausse de 37 % depuis 2015.
Les conséquences humaines sont vertigineuses : les armes légères seraient responsables de près d’un tiers des morts civiles dans les conflits récents, et de 88 % des violences sexuelles liées à la guerre.
En Haïti, malgré un embargo de l’ONU, près d’un demi-million d’armes illégales circuleraient, nourrissant la spirale de la terreur imposée par les gangs. En Afrique, du Sahel au Darfour, la prolifération d’armes alimente les guerres locales et empêche les efforts de paix. L’Union africaine mise sur une stratégie 2020-2030 pour « faire taire les armes », mais le défi reste immense.
À ces menaces s’ajoutent de nouvelles formes de trafic : impression 3D d’armes, commerce clandestin en ligne, ou détournements dans les zones de guerre. INTERPOL, via sa base de données iARMS, coordonne les opérations transfrontalières qui ont permis la saisie de milliers d’armes et de munitions, notamment en Amérique latine.
Pour l’ONU, contrôler la prolifération des armes légères est désormais une condition préalable à toute paix durable. « Chaque pistolet récupéré, chaque fusil détruit, chaque frontière surveillée est une victoire invisible », a conclu M. Ebo, « mais dans un monde saturé d’armes, la paix reste une course contre la montre. »
