STM : 1320 employés votent la grève, une première depuis plus de 40 ans
Dans une décision historique, les 1320 employés administratifs, techniques et professionnels de la Société de transport de Montréal (STM) ont adopté mardi soir un mandat de grève à 87 %, marquant une rupture inédite en plus de quatre décennies d’accalmie syndicale. Ce vote, qui résonne comme un coup de semonce dans le paysage syndical québécois, témoigne d’un profond malaise au sein de l’appareil technico-administratif du principal transporteur public de la métropole.

Derrière ce geste fort, un constat alarmant : après une année de négociations et 28 rencontres infructueuses, les pourparlers pour le renouvellement de la convention collective sont toujours dans l’impasse. Le syndicat SCFP 2850, affilié à la FTQ, dénonce l’inaction de la direction, qu’il accuse de n’avoir même pas formulé l’ensemble de ses propositions patronales, bloquant ainsi toute discussion substantielle sur des enjeux majeurs comme les congés, les droits parentaux ou la retraite progressive.
« Nous sommes dans une négociation de façade », fustige Stéphane Lamont, président du syndicat, qui affirme que ses membres sont à bout de patience. « L’employeur fait traîner le processus, tout en ignorant des sujets fondamentaux qui touchent directement à la qualité de vie et au respect de notre personnel. »
Une colère alimentée par les inégalités salariales
Le climat s’est particulièrement tendu lorsque le syndicat a révélé que la directrice générale de la STM aurait perçu une rémunération de 474 000 $ en 2024, soit une hausse de 6,5 %. En comparaison, l’offre salariale proposée aux employés concernés plafonne à une augmentation de 11 % répartie sur cinq ans, avec des hausses annuelles décroissantes.
« Cette disparité est indécente. Elle illustre le fossé grandissant entre la direction et ceux qui assurent, au quotidien, la continuité du service public », dénonce Lamont. « C’est une question de justice, mais aussi de reconnaissance. »
Ce sentiment d’injustice semble partagé au sein d’un personnel qui, bien que souvent invisible aux yeux du public, constitue l’épine dorsale du système de transport montréalais — planificateurs de réseaux, analystes, agents de soutien, ingénieurs et techniciens. Leur convention collective est échue depuis le 4 janvier 2025.
Une STM sous tension dans un contexte de défis structurels
Ce vote de grève intervient dans un contexte plus large de tensions à la STM, où les défis opérationnels, financiers et de main-d’œuvre s’accumulent. Le réseau, déjà fragilisé par la pandémie et les bouleversements des habitudes de déplacement, peine à retrouver sa stabilité. Si une grève venait à se matérialiser, même partiellement, les impacts pourraient être considérables, non seulement sur les usagers, mais aussi sur la gouvernance interne de la société de transport.
Pour le SCFP, l’heure n’est plus aux demi-mesures. Ce mandat de grève, qui ne sera déclenché que « stratégiquement » selon les dirigeants syndicaux, constitue un levier de pression important pour forcer l’employeur à revenir à la table avec des propositions sérieuses.
Une épreuve pour l’image de la direction
Avec plus de 143 000 membres au Québec, dont 8 700 dans le transport terrestre, le Syndicat canadien de la fonction publique entend faire de ce conflit un cas emblématique. Et la STM, fleuron du transport collectif québécois, risque d’en sortir égratignée si elle ne parvient pas à désamorcer rapidement la crise.
Dans une ville où les enjeux de mobilité urbaine sont au cœur des débats publics, cette grève annoncée ne manquera pas de raviver les discussions sur la gouvernance, la gestion des ressources humaines et la place des services publics dans la société montréalaise de demain.
