Canada : les mises en chantier d’habitations explosent en avril 2025
Un signal fort au cœur des incertitudes économiques
Dans un contexte où l’accessibilité au logement demeure l’un des enjeux majeurs de politique publique au Canada, les chiffres dévoilés ce matin par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) révèlent un net rebond de l’activité résidentielle. En avril 2025, le nombre de mises en chantier d’habitations a bondi de 30 % par rapport au mois précédent, atteignant 278 606 unités en données désaisonnalisées et annualisées — un sommet inattendu.
Une dynamique nationale, mais contrastée
La tendance nationale, mesurée sur six mois, poursuit également sa progression avec une hausse de 2,4 %, pour s’établir à 240 905 unités. Un signal encourageant dans un marché encore secoué par l’instabilité économique mondiale, la remontée des taux d’intérêt et les tensions persistantes dans les chaînes d’approvisionnement.
Mais cette embellie globale cache des réalités régionales contrastées. Si le Québec et les provinces des Prairies tirent la dynamique vers le haut — toutes catégories de logements confondues —, l’Ontario et la Colombie-Britannique enregistrent pour leur part une nouvelle baisse des mises en chantier en comparaison annuelle.
« L’augmentation observée en avril résulte d’un sursaut de l’activité dans le segment des logements collectifs, en particulier dans les centres urbains comme Montréal. Toutefois, l’incertitude économique actuelle pourrait freiner l’élan dans les mois à venir », prévient Kevin Hughes, économiste en chef adjoint à la SCHL.
Montréal en vedette, Toronto en recul
Parmi les grandes agglomérations canadiennes, Montréal se démarque avec une progression spectaculaire de 64 % du nombre de logements commencés en avril 2025, comparativement au même mois de l’an dernier. Cette performance historique est portée par une forte poussée des logements multifamiliaux — notamment les copropriétés et logements locatifs.
Vancouver, quant à elle, affiche une croissance plus modeste (+6 %), toujours sur le segment des logements collectifs. À l’opposé, Toronto accuse un recul significatif de 25 %, reflet d’un essoufflement du marché local dans ce même segment, historiquement moteur de la construction résidentielle dans la métropole ontarienne.
Des volumes records malgré un recul annuel cumulé
Avec 21 720 mises en chantier réelles dans les centres de plus de 10 000 habitants, avril 2025 établit un record absolu pour ce mois de l’année. Sur les quatre premiers mois de 2025, le cumul s’élève toutefois à 67 022 logements, soit une légère baisse de 2 % par rapport à la même période en 2024.
Une dynamique qui suggère un rattrapage ponctuel plus qu’un redressement durable, dans un marché où les promoteurs restent prudents face à la volatilité économique.
Au-delà des chiffres : les enjeux d’un marché en mutation
Pour la SCHL, ces données sont un indicateur précieux de l’offre à venir dans un pays confronté à une pénurie chronique de logements. L’organisme rappelle néanmoins que les statistiques mensuelles doivent être interprétées avec précaution, tant l’activité dans le logement collectif — principale source de volatilité — peut varier fortement d’un mois à l’autre.
Plus largement, la performance d’avril s’inscrit dans un contexte politique et social marqué par la pression croissante sur les gouvernements pour accélérer la production de logements abordables. La SCHL, qui joue un rôle clé dans la stabilisation du système de financement de l’habitation, entend poursuivre ses efforts pour soutenir la création d’habitations durables, climato-compatibles et équitables.
Prochaine échéance : les données de mai, attendues le 16 juin. Les analystes surveilleront de près la capacité du marché à maintenir cette cadence, dans un environnement économique où chaque mois devient un test pour l’avenir du logement canadien.