Le Regroupement des comités logements et associations de locataires du Québec (RCLALQ) dévoile aujourd'hui sa troisième enquête annuelle sur le prix des logements à louer intitulée « Sans loi ni toit : enquête sur le marché incontrôlé des loyers ». L'enquête, qui est le fruit d'une récolte de plus de 51 000 annonces de logements à louer sur le site Kijiji entre les mois de février et mai 2022, révèle que la flambée des loyers, loin de se résorber, s'accélère partout au Québec.
Les augmentations fulgurantes dont témoigne notre enquête démontrent clairement l'inefficacité totale du système de fixation des loyers en place au Québec. En pleine crise du logement et à l'aube de la prochaine campagne électorale provinciale, le RCLALQ interpelle l'ensemble des partis politiques afin qu'ils s'engagent à mettre en place rapidement de véritables mesures pour freiner l'escalade et garantir l'accès à un logement accessible financièrement pour l'ensemble des ménages locataires. Le RCLALQ demande au prochain gouvernement d'instaurer un registre des loyers public et obligatoire, et qu'il oblige les propriétaires à utiliser les taux moyens d'augmentation de loyer du Tribunal administratif du logement (TAL) comme mesure de contrôle des loyers.
Entre 2021 et 2022, le prix des logements à louer a bondi de 9 % pour l'ensemble de la province, toute typologie de logement confondue. Cependant, les augmentations sont encore plus importantes pour les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Saguenay (18,7 %), de Sherbrooke (26,5 %) et de Trois-Rivières (29,9 %). « Ce qui nous inquiète avec ces données, c'est que des régions où les loyers étaient demeurés relativement accessibles sont maintenant très fortement touchées par des hausses importantes », déplore Marjolaine Deneault, porte-parole du RCLALQ. « Ce qui est d'autant plus inquiétant, c'est que les locataires de ces régions doivent en plus composer avec une forte pénurie de logements. S'ils se retrouvent sans toit pour une raison ou une autre, ils risquent de devoir se résigner à louer un logement insalubre ou trop petit », dénonce la porte-parole.
Tableau 1 - Loyer moyen des logements à louer par région métropolitaine de recensement (RMR) en 2022 et écart avec 2021, par taille de logement
Studio
3 et demi
4 et demi
5 et demi et +
Total
Tout Québec
951$
1083$
1316$
1716$
1300$
Écart 2021
19,3 %
6,7 %
7,9 %
9,4 %
9,1 %
RMR Sherbrooke
577$
809$
1067$
1418$
1051$
Écart 2021
10,3 %
20,9 %
27,2 %
25,0 %
26,5 %
RMR Trois-Rivières
535$
681$
894$
1239$
890$
Écart 2021
21,0 %
20,3 %
22,8 %
39,5 %
29,9 %
RMR Saguenay
628$
706$
824$
1117$
864$
Écart 2021
28,4 %
25,9 %
9,1 %
19,1 %
18,7 %
Outre les grands centres urbains, plusieurs villes du Québec sont durement affectées par l'explosion des loyers. En comparant nos données de 2021 et 2022, nous notons une augmentation moyenne des prix de 54,5 % à Granby, de 34,5 % à Valleyfield, de 27,6 % à Joliette, de 23,8 % à Drummondville et de 22,9 % à Saint-Hyacinthe. « Ces hausses de loyer vont bien au-delà de l'inflation et des taux d'ajustement suggérés par le TAL. Alors que la plupart de ces villes vivent actuellement une grave pénurie de logements, trouver un logement abordable lorsqu'on est un ménage locataire à revenu modeste devient mission impossible », souligne la porte-parole du RCLALQ.
En 2022, un logement à louer est près de 50 % plus cher que le loyer moyen
Après trois années à récolter plusieurs dizaines de milliers de données sur le coût des logements à louer, nous constations que l'écart entre les loyers moyens (données issues des enquêtes de la Société canadienne d'hypothèques et de logement - SCHL) et les loyers en location se creuse de plus en plus, pour atteindre près de 50 % cette année en moyenne au Québec, toute typologie de logement confondue. L'écart pour les studios (23 % en 2020 et 40,7 % en 2022) et pour les grands logements (31,8 % en 2020 et 61,7 % en 2022) a presque doublé. Pour les logements de 4 pièces et demi, l'écart est tout de même considérable puisqu'il est passé de 26,6 % en 2020 à 47,5 % en 2022.
De véritables mesures de contrôle des loyers s'imposent
Selon le RCLALQ, l'absence de mesures efficaces de contrôle des loyers est directement responsable de l'explosion des prix que nous observons ces dernières années. « Actuellement, le fardeau d'empêcher une hausse abusive repose sur le locataire. C'est donc dire que la limitation des augmentations des loyers et la protection du parc locatif abordable ne s'appuient pas sur un encadrement législatif, mais sur des démarches individuelles de locataires, dans un contexte qui les désavantage nettement. Aussi bien dire que le marché des loyers est complètement incontrôlé », selon Marjolaine Deneault.
Pour le RCLALQ, des solutions simples et éprouvées existent pour freiner l'explosion des loyers :un contrôle obligatoire et un registre public des loyers, pour permettre aux locataires de connaître avec exactitude l'ancien loyer payé. « Puisque la majorité des hausses abusives de loyer surviennent lors de la signature de nouveaux baux, il est urgent d'instaurer un registre. Des registres des loyers, il y en a ailleurs dans le monde, c'est une mesure relativement simple et peu coûteuse pour protéger l'abordabilité d'un parc locatif. Suffit d'un peu de volonté politique », clame la porte-parole du RCLALQ.
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